Catherine Ladousse : « C’est un problème systémique »

Si l’on regarde les contenus diffusés, les femmes sont sous-représentées, invisibilisées, caricaturées ou agressées. Si l’on regarde les métiers exercés, elles sont insuffisamment formées ou recrutées. L’originalité de ce rapport a été de faire travailler ensemble les commissions Parité et Stéréotypes du HCE. Nous avons, par exemple, analysé l’image et la représentation des femmes dans ces contenus numériques dans les 100 vidéos les plus vues sur YouTube, Instagram et TikTok. Cela fait plus de 20 ans que je travaille sur le sujet de la féminisation du numérique et c’est pourquoi j’ai créé le Cercle InterElles – quand j’étais chez IBM – qui regroupe les réseaux des entreprises dans le secteur scientifique et technologique – et 20 ans plus tard, on refait ce constat alarmant : le sexisme est très fort et est l’un des facteurs majeurs freinant la carrière des femmes dans ce secteur.

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Dans la troisième partie du rapport, nous montrons que le numérique ne fait qu’empirer la réalité. Même s’il y a des rôles modèles, il y a très peu de femmes dans les métiers du numérique. Et moins il y en a, moins on les voit. Il y a une sorte de cercle vicieux avec les algorithmes, tels qu’ils sont conçus à partir de données stéréotypées. Corriger les biais genrés par les algorithmes pourrait être une façon de ne pas aggraver la réalité, et, au contraire, de rendre par exemple les femmes scientifiques plus visibles. Il y a un déficit de modèles féminins dans la tech. Sans modèles féminins pour s’identifier, les filles ne sont pas incitées, comme le sont les garçons, à choisir les métiers du numérique. Nous avons pourtant absolument besoin d’avoir des équipes mixtes pour tout ce qu’on met en place en matière de technologie et en particulier dans le développement de l’IA.