Qu’est-ce que SmartSense ?

Pour consommer moins, il faut monitorer : éteindre et allumer des appareils de façon intelligente et automatisée. Et pour cela, avoir les informations adéquates sur les appareils qu’il convient d’allumer ou d’éteindre ainsi. Smartsense cartographie des données relevées par des capteurs. Concrètement, on a déployé des micros, des thermomètres, des capteurs de mouvement, de lumière, de CO2, infrarouge, etc., dans nos bâtiments. Ce qui existe déjà, pour obtenir des mesures précises de consommation électrique de chaque appareil, c’est de placer un boîtier électrique qui mesure sur chaque machine sa consommation. Ça, c’est facile à faire et ne met pas les informations en relation les unes avec les autres d’une façon globale. Nous, on fait autre chose. On fait ce qu’on appelle de la « désagrégation » électrique.

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En quoi consiste cette « désagrégation » ?

La désagrégation consiste à prendre le flux électrique dans sa totalité, au compteur électrique, et à réussir à retrouver de quels appareils provient la consommation. C’est compliqué, puisque cette consommation globale ne porte pas la trace de l’origine des appareils qui l’ont causée : la trace électrique au niveau du compteur est une somme brute de signaux électriques. Retrouver les traces de chaque équipement à partir de leur agrégation, c’est un problème. Mais la solution existe : elle consiste à croiser cette trace électrique globale qui fluctue, en temps réel, avec d’autres indices, « sensoriels », ceux qui viennent des capteurs placés partout dans le bâtiment, également en temps réel. Les ingénieurs de SmartSense développent des algorithmes et utilisent l’intelligence artificielle pour déduire de ces données quel appareil est en train de fonctionner et si c’est utile ou bien s’il faut que le système l’éteigne.

Avez-vous un exemple ?

Prenons une imprimante. On a placé un micro dans la pièce. Quand elle fonctionne, il nous dit : « ah tiens, l’imprimante s’est mise en route ». Cette information est croisée avec le changement de consommation électrique au compteur. Cela va permettre à l’algorithme d’identifier la source du changement dans la trace électrique.

Y a-t-il des obstacles posés par certains types d’équipement à la désagrégation ?

L’imprimante se prête facilement au traitement des données de SmartSense, avec son bruit caractéristique. Ce n’est pas le cas de tous les appareils. Les appareils « bons clients » comptent par exemple un frigo, un four ou une ampoule : ces appareils sont assez aisés à déceler. D’autres sont plus difficiles à faire entrer dans la plate-forme, comme les PC. On est encore embêtés avec les ordinateurs ! Ça varie dans tous les sens, ça consomme plus ou moins en fonction de l’utilisation : regarder une vidéo, utiliser internet, ou du traitement de texte… C’est difficile à capter de l’extérieur. Mais la solution est en vue : mettre des capteurs à l’intérieur des ordinateurs, pour qu’ils envoient directement les informations sur leur usage en cours à la plate-forme.

Quelles sont les applications les plus intéressantes de SmartSense ?

Dans la maison individuelle, c’est surtout les gros équipements qu’il faut monitorer : les chauffages par exemple. À l’aide de capteurs de température, de luminosité, de CO2, on va voir si quelqu’un est là. On travaille sur la désagrégation comme un élément qui permettra de faire une meilleure gestion de l’énergie. Dans une pièce où il n’y a personne, on peut baisser la température, pareil pour la climatisation, etc. Cela fonctionne encore mieux à l’échelle d’un bâtiment entier.

Quels sont les autres usages de cette cartographie de lieux modélisés par SmartSense ?

SmartSense travaille aussi sur une version extérieure, à déployer dans l’environnement, dans une forêt par exemple. Pour le moment, ce projet est à l’étude, avec le laboratoire Géosciences de Rennes. Le micro va capter et reconnaitre par exemple si telle grenouille fait tel bruit : c’est intéressant pour les biologistes. SmartSense cartographie les trames du vivant en temps réel pour aider à le protéger. Dans l’environnement extérieur, il n’y a pas de prises électriques, il faut donc alimenter avec des panneaux solaires ou d’autres sources d’énergie comme la chaleur ou les vibrations. On n’est plus du tout dans la désagrégation. Celle-ci n’est qu’une application de la plate-forme de recherche, parmi de nombreuses autres possibilités.