La culture du doute : un super-pouvoir à cultiver en famille

« Regardez, incroyable, un cheval qui fait du trampoline ! » On a tous vu passer cette image. Et beaucoup y ont cru. Pourtant, c’était un deepfake, un de ces faux si bien faits qu’ils nous rappellent, qu’aujourd’hui, tout ou presque peut être fabriqué. Alors, comment apprendre à nos enfants à discerner le vrai du faux ? L’esprit critique n’est plus un concept réservé aux cours de philo, mais LA compétence numérique essentielle, le super-pouvoir à développer pour faire face aux flux pleins de faux de nos réseaux. Et nous sommes toutes et tous concerné·es.
Quand le scroll remplace la réflexion
Autrefois circonscrite aux pages du journal matinal ou à la demi-heure du soir devant la télé, l’information dé-file désormais toute la journée. On s’informe entre deux notifications, on like sans lire, on partage avant de com-prendre. Le temps du recul, lui, s’est évaporé. Les en-fants grandissent dans ce flux express continu où l’image prime sur le contexte, le ton sur le fond. Et les parents ? Ils ne sont pas mieux lotis. L’IA s’invite dans nos écrans, les deepfakes toujours plus réalistes brouillent les re-pères, les messages alarmistes se multiplient dans nos groupes WhatsApp familiaux. Même les institutions ou les chefs d’État s’aventurent parfois dans le brouillard de la désinformation. Plus personne ne peut se dire à l’abri d’un piège numérique.
L'esprit critique, une affaire de famille
Longtemps, on a cru que « vérifier ses sources » suffisait. Mais la source n’est plus un journal ou une chaîne : c’est un flux, un influenceur, un bot, un algorithme. Alors, com-ment savoir qui nous parle ? Et comment transmettre à nos enfants le goût de la vérification ?
Peut-être justement en faisant ensemble. En confrontant les infos qu’on voit passer, en cherchant la véracité d’une image sur Google Lens, en comparant les versions d’un même événement sur plusieurs médias. En jouant aussi à qui saura repérer la fake news ? (Spoiler alert : ce ne sont pas toujours les adultes qui gagnent). Bref, l’esprit cri-tique, c’est comme un muscle : ça s’entraîne. Et c’est bien plus stimulant de le faire en famille.
« L’IA s’invite dans nos écrans, les deepfakes toujours plus réalistes brouillent les repères, les messages alarmistes se multiplient dans nos groupes whatsapp familiaux. Même les institutions ou les chefs d'État s’aventurent parfois dans le brouillard de la désinformation. Plus personne ne peut se dire à l’abri d’un piège numérique. »
La culture du doute, pas du soupçon
Développer l’esprit critique, ce n’est pas tout remettre en cause, c’est apprendre à questionner, c’est ralentir ce flux pour laisser la place à la réflexion. Prendre ces quelques secondes pour se demander : Qui parle ? Pourquoi main-tenant ? Qu’est-ce que cette info veut me faire ressentir ?Face à la vitesse des fils de contenu, exercer son esprit critique, c’est surtout apprendre à faire « pause ». À ne pas scroller plus vite que sa pensée. À cultiver ce petit espace entre « je vois » et « je crois ».
Et si c’était ça, notre nouveau rituel familial ? Moins de « Tu passes trop de temps sur ton écran » et plus de « Qu’est-ce que t’en penses, toi ? ». Parce qu’au fond, l’esprit critique, c’est une bonne manière de rester curieux ensemble.
Et si parfois on se fait encore avoir par un faux trop bien fait, au moins, on pourra en rire en famille… avant d’aller vérifier !





