Imaginaires afrofuturistes, une mythologie du vivant

Comment les mythologies et cosmogonies africaines peuvent-elles inspirer d’autres conceptions des technologies ? À quoi ressemblent des futurs technologiques qui sortent des normes et des esthétiques occidentales ? Nous avons posé la question à l’autrice afroféministe et afrofuturiste Laura Nsafou et au romancier de science-fiction caribéofuturiste Michael Roch.
Laura Nsafou
Blogueuse et écrivaine afroféministe, Laura Nsafou tient le blog Mrsroots.fr dans lequel elle traite des questions d’afroféminisme, de représentation des femmes noires et de littératures noires. Elle est l’autrice de la trilogie afrodystopique Nos jours brulés (Albin Michel, 2021), du roman afrofuturiste La Mer chantera ton nom (Albin Michel, 2024) ou encore de l’album jeunesse Comme un million de papillons noirs (Cambourakis, 2018).
« Toute mythologie est un puits d’histoires, et il y a des savoirs issus de ces mythes qui peuvent faire sciences. À travers mes récits, je pose la question de qu’est-ce qui fait sciences et qu’est-ce qui fait technologie ? Le poète et artiste afrofuturiste Saul Williams expliquait par exemple que la communication en tambour était une des premières communications wifi ! De la même manière, je cherche à interroger nos représentations et nos perceptions des sciences et des technologies.
Mon livre, Nos jours brûlés, met en scène une jeune héroïne Elikia qui se retrouve en confrontation entre la science telle qu’on lui a appris et les savoirs oubliés des divinités. Elle vit dans un monde où le soleil a disparu depuis 20 ans sans que les scientifiques ne parviennent à expliquer pourquoi. Elikia doit comprendre que cette disparition n’est pas d’origine scientifique, mais mythologique et cosmogonique. La distinction entre réalité et spirituel, entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, est un héritage colonial. En Afrique, tout cohabite ensemble. »
« À L’INVERSE D’UNE SF CLASSIQUE (...), JE CHERCHE PLUTÔT À DÉCONSTRUIRE LES SAVOIRS ET LA FABRIQUE DES TECHNOLOGIES TELS QU’ILS SE SONT FORGÉS JUSQU’À PRÉSENT POUR MIEUX LES RECONFIGURER. »
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