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Stratégie numérique et élections présidentielles, la France Insoumise mise sur Twitter

A toutes celles et ceux qui ne suivent les élections que depuis leurs postes de télévision, cette chronique vous est dédiée ! 

Chez Chut! on a eu envie pour cette rentrée 2022 de vous proposer régulièrement un rendez-vous spécial Tech Paf façon Tech élection. On passe à la loupe les candidats sur les réseaux sociaux, on scrute de près les stratégies numériques de leur parti, et on zoome sur leur efficacité électorale et algorithmique. C’est parti. 

Aujourd’hui, je vous propose un zoom sur … la stratégie Twitter de la France Insoumise. Le 24 décembre dernier, pendant que vous étiez certainement en train de réveillonner, on a vu fleurir sur le réseau social à l’oiseau bleu le hashtag « followback » lancé par des militant·e·s de la France Insoumise. Le hashtag, qui se démultiplie en #follo4folloback avec des orthographes variées, invite les sympathisant·e·s du parti à se suivre mutuellement afin d’augmenter très rapidement leur nombre d’abonnés. Entre nouveaux abonné•es on se congratule et on parle « d’auto-organisation », de « force de frappe » et de « construction d’un vrai réseau militant ».

Jouer aux apprenti•es sorcier•es

Ce que dévoile cette pratique, c’est une volonté de jouer aux apprentis sorciers et aux apprenties sorcières avec les algorithmes des réseaux sociaux. Mais est-ce que cela fonctionne ? Alors, côté militant·e·s de la France Insoumise, l’idée du #folloforfolloback a bien fonctionné, puisqu’en quelques heures certains comptes ont revendiqué avoir gagné + 500 abonnés alors même qu’ils sont habituellement peu actifs sur la plateforme. Mais certains comptes ont été trop gourmands et se sont vite fait·e·s attrapé·e·s la main dans le pot de confiture. En effet, Twitter peut interdire ce genre de pratiques « d’engagements artificiels » et bloquer les comptes enclins à ces pratiques pendant 3 jours, empêchant les utilisateurs de les suivre. C’est ce que l’on a découvert en lisant les règles de Twitter. Par contre, on a cherché, impossible de savoir quel est le seuil de nouveaux abonnements par jour à partir duquel Twitter réagit.

Mais cette stratégie est-elle vraiment payante ? Les différents hashtags ont globalement  eu un faible taux d’engagement (nombre de retweets et de likes)  et ne sont pas apparus en Trending Topics (TT) : leur viralité est en fait interne au mouvement des insousmis·e·s. Alors, pourquoi une telle stratégie ?

Followback et ralliement militant

Fin janvier aura lieu le vote de La Primaire Populaire, à laquelle Jean-Luc Mélenchon a pour l’instant refuser de participer. Or, les déclarations d’Anne Hidalgo et la très probable entrée en lice de Christiane Taubira ont reçu une couverture médiatique importante dans les médias traditionnels. Si France Insoumise dispose d’un programme établi de longue date, elle peine à exister dans les médias. La tenue de cette primaire questionne donc sa légitimité et sa capacité à rassembler tous les électeurs de gauche. Avec le #follo4folloback, les militants insoumis montrent les muscles et mettent en avant la force et la capacité de ralliement de leur réseau.