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Pollution numérique et data-centers

Bonjour Sarah-Lou, et bonjour à celles et ceux qui culpabilisent à l’idée d’envoyer un mail avec une pièce jointe bien lourde qui va polluer la planète, cette chronique vous est dédiée !

Pourra-t-on un jour remédier au problème de la pollution numérique ? Oui, la tech pollue, et parmi les différentes sources de pollution il y a bien sûr celle du stockage de nos données dans les data centers. Ce sont tous ces mails que l’on n’efface pas, tous ces documents stockés dans le cloud, toutes ces vidéos regardées sur les plateformes de streaming. 

Et le problème ne va pas aller en s’arrangeant. L’explosion des besoins de stockage est exponentielle, on estime qu’en 2025 on devra stocker 5 fois plus de données qu’aujourd’hui !

Ajoutez à cela que les serveurs des data center ont une durée de vie de 5 à 7 ans et qu’ils représentent déjà 2% de la consommation électrique mondiale, il serait peut être temps d’agir non ?

Stocker toutes les données du monde dans l'équivalent d'une tablette de chocolat

Bonne nouvelle, dans la sphère scientifique française, il y a une annonce qui vient de faire grand bruit. Stéphane Lemaire et Pierre Crozet, deux chercheurs du CNRS et de Sorbonne Université spécialisés dans la biologie de synthèse, viennent de dévoiler le projet DNA Drive. 

Pour faire la démonstration de leur technologie en guise de preuve de concept, ils ont présenté aux Archives Nationales de Paris, 2 capsules métalliques contenant 100 milliards de copies de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et de la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne par Olympe de Gouges. Ces 2 capsules ont maintenant rejoint l’ensemble des constitutions françaises dans la célèbre Armoire de fer, coffre-fort construit en 1790.  

Nolwenn Mauguen, journaliste chez Chut! Magazine, les a rencontrés dans leur laboratoire pour en savoir plus sur leur innovation. 

Qu’est-ce que c’est que cette technologie DNA Drive ? Il s’agit d’un ADN de synthèse qui repose sur le même principe que l’ADN du vivant. Parce que oui, la nature a cela d’incroyable qu’elle a créé une technologie qui se perfectionne depuis 4 milliards d’années et qui est incroyablement efficace en termes de stockage de données.

L’ADN permet en effet de stocker beaucoup de données et peut les conserver des milliers d’années. Pour faire simple, toutes les données du monde pourrait tenir dans 100g d’ADN, c’est-à-dire sur la taille d’une tablette de chocolat.

L'encodage ADN, une opportunité écologique

L’autre avantage de l’ADN est qu’il est stable à température ambiante et ne nécessite aucun apport d’énergie : c’est une technologie à impact carbone nul. 

Autant dire que c’est très intéressant pour remplacer nos technologies de stockage actuelles dans ce qu’on appelle le stockage « froid » c’est-à-dire toutes les archives et les copies de secours. Et mine de rien, cela représente beaucoup de données !

Par exemple 70% des données de Google sont stockées sur des bandes magnétiques. C’est ce support que l’on envisage de pouvoir remplacer de façon beaucoup plus respectueuse de l’environnement.  

Alors, tout cela ne peut évidemment pas se mettre en place du jour au lendemain, mais on estime quand même que cela pourrait se réaliser à l’horizon 2030. Et si les chercheuses et chercheurs du monde s’y mettent tous en même temps, pourquoi ne pas accélérer le mouvement ?