A l'écoute

Wikipedia, cheval de Troie ?

Alors, qu’apprend-on ? Que oui, la présence sur Internet est devenue cruciale en temps de campagne électorale, qu’il est facile de glisser aussi de la communication à la propagande. Quand Vincent Bresson nous décrit par exemple la façon dont les soutiens du candidat Z créent au sein de Wikipédia, une myriade de nouveaux liens concernant de près ou de loin Eric Zemmour, on entre dans le « lobbying numérique ». L’enjeu, faire en sorte que ceux et celles qui se rendent sur cette page (soit à peux près 50 000 personnes par jour) lisent l’histoire du candidat, telle que ses adeptes veulent la partager, et non pas tant telle qu’elle est véritablement. 

Allo Police ?

Et dans cette histoire, que fait la police et même qui est la police du web sensée arbitrée, vérifiée ce type de manoeuvres douteuses ? Depuis le 1er janvier 2022, le CSA et Hadopi ont fusionné pour devenir l’ARCOM, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. En plus des prérogatives du CSA sur le contrôle du temps de paroles à la télé et à la radio, le rôle de cette nouvelle instance, est aussi de contrôler la façon dont Internet s’invite dans la campagne, dans le respect des règles et des lois françaises, notamment la loi du 22 décembre 2018 qui vise à lutter contre la manipulation de l’information et à endiguer la diffusion de fausses informations (aussi appelées « fake news ») pendant les périodes de campagne électorale.

La CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés, a aussi son rôle à jouer par le biais de l’observatoire des élections. Elle se doit d’identifier les pratiques qui seraient contraires à la loi du 6 janvier 1978 modifiée, dite loi “Informatique et Libertés”.

Les Trouble-fêtes

Et si les fausses informations se créent à l’intérieur du pays, elles viennent aussi de l’extérieur. Aussi, contre les attaques des pays étrangers, comme la Russie, la Chine ou même les Etats-Unis, une nouvelle agence a vu le jour en décembre dernier. Elle a pour rôle de protéger la France et ses réseaux contre les tentatives d’ingérences numériques étrangères. De son petit nom Viginum, cette agence, placée sous le Secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale, directement liée au Premier ministre, est composée d’une trentaines d’enquêteurs et enquêtrices qui ont fait de la donnée leur quotidien. Ils et elles doivent s’assurer que l’opinion n’est pas manipulée via les réseaux sociaux par des forces et groupes étrangers, comme les trop fameux QAnon américains par exemple.

Bref, le dispositif est en place, les acronymes sont de la partie, mais ont-ils vraiment les moyens d’empêcher les quelques futé·es du numérique de contourner la règle et l’esprit de la règle. Apparemment non.